Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/223

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peux-tu attendre de lui, sinon qu'il n'y a rien de plus ridicule que la philosophie ? [132d] Celui qui me parlait ainsi avait cultivé son esprit ; et l'autre, qu'il traitait si mal, n'avait cultivé que son corps. Je jugeai donc à propos de laisser là celui que j'avais d'abord interrogé et qui lui-même ne se donnait pas comme très propre à la conversation, et je m'attachai à son rival, qui se piquait d'être plus savant, et tâchai d'en tirer quelque chose. Je vous parlais à tous deux, lui dis-je, et si tu te sens en état de me répondre mieux que lui, je te fais la même question. Réponds-moi, crois-tu que ce soit une belle chose de philosopher ? ou crois-tu le contraire ? [133a] Les deux jeunes gens qui disputaient ensemble nous ayant entendus, cessèrent de disputer, et se mirent à nous écouter avec un profond silence. Je ne sais pas ce qu'à leur approche les deux rivaux éprouvèrent, mais pour moi, je tressaillis. C'est l'impression que me font toujours la jeunesse et la beauté. L'un des deux amans ne me parut pas moins ému que moi. Cependant il ne laissa pas de me répondre d'un ton avantageux : Socrate, si je pensais [133b] qu'il fût ridicule de philosopher, je ne me croirais pas un homme, et je ne regarde pas comme un homme quiconque peut avoir une telle pensée ; faisant par là allu-