Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dignes d'un homme libre, ceux qui dépendent de l'intelligence, et non ceux qui dépendent de la main.

Fort bien, repris-je, c'est comme en architecture. [135c] Tu auras ici un très bon maçon pour cinq ou six mines au plus ; mais un architecte, tu ne l'aurais pas pour dix mille drachmes ; car il y en a très peu dans toute la Grèce. N'est-ce pas là ce que tu veux dire ?

Oui, me répondit-il.

Alors je lui demandai s'il ne lui paraissait pas impossible qu'un homme apprît ainsi deux arts, bien loin qu'il pût en apprendre un grand nombre, el qui fussent difficiles.

Sur quoi : Ne t'imagine pas, Socrate, me dit-il, que je veuille dire qu'il faut qu'un philosophe sache ces arts [135d] aussi parfaitement que ceux qui les pratiquent ; mais comme il convient à un homme libre, à un homme instruit, pour entendre mieux que le commun des hommes ce que disent les maîtres, et pouvoir donner lui-même un avis ; pour qu'enfin sur tout ce qui se dit ou se fait à propos de ces arts, il se distingue par son goût et ses lumières.

Et moi, doutant encore de ce qu'il voulait dire : [135e] Vois, je te prie, lui dis-je, si j'entre bien dans l'idée que tu as du philosophe ; tu veux que le philosophe soit auprès des artistes ce qu'un