Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sa science, qu'il n'a pas donnée à son fils ; ce qu'il aurait fait, s'il eût été capable de la communiquer à un autre.

SOCRATE.

Que ferais-tu donc, Théagès, si tu avais un fils qui te persécutât tous les jours, en te disant [126e] qu'il veut devenir un grand peintre ; qui se plaignît continuellement que toi qui es son père, tu ne voulusses pas faire un peu de dépense pour satisfaire à son désir, tandis que d'un autre côté il mépriserait les plus excellens maîtres, et refuserait d'aller à leur école ; et qui dédaignerait de même les joueurs de flûte, s'il voulait être joueur de flûte, ou bien les joueurs de lyre ? Saurais-tu qu'en faire, et où l'envoyer quand il refuse de pareils maîtres ?

THÉAGÈS.

Non, par Jupiter ! je n'en sais rien.

[127a] SOCRATE.

Et maintenant toi, qui fais précisément la même chose à l'égard de ton père, tu t'étonnes et te plains de ce qu'il ne sait que faire de toi, ni à quel maître t'envoyer ! Car, si tu veux, nous allons te mettre tout à l'heure entre les mains du meilleur maître qu'il y ait à Athènes dans la politique : tu n'as qu'à choisir, il ne te