Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/308

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Au reste, reprit Charmide, qu’importe, Socrate, de qui je le tienne ?

Pas le moins du monde ; car il ne faut pas examiner qui a dit une chose, mais si elle est bien ou mal dite.

À la bonne heure.

Mais, par Jupiter ! repris-je, je serai bien surpris si nous pouvons découvrir ce que cela signifie, car c’est pour moi une vraie énigme.

Et pourquoi ?

[161d] Parce que celui-là sans doute n’a guère réfléchi à la signification des mots, qui a dit que la sagesse consiste à faire ce qui nous est propre. Ou bien, crois-tu que le maître de langues ne fasse rien quand il lit ou écrit ?

Je crois le contraire.

Et penses-tu que le maître de langues ne lise et n’écrive ou ne vous enseigne à l’école que son propre nom ? ou bien n’écriviez-vous pas les noms de vos ennemis tout aussi bien que les vôtres et ceux de vos amis ?

Tout aussi bien.

Mais, en le faisant, vous mêliez-vous de ce qui ne vous regardait pas, et étiez-vous [161e] des insensés ?

Non pas.

Cependant vous ne faisiez rien qui vous fût propre, puisque enfin écrire et lire, c’est faire quelque chose.