Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/313

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lement ce qui lui semblait propre à chacun ; tout ce qui est nuisible, il le regardait comme étranger, et c’est dans ce sens qu’il faut croire qu’Hésiode, et tout homme sensé, a pensé que faire ce qui nous est propre, c’est être sage.

[163d] Ô Critias, me suis-je écrié, j’ai bien d’abord à-peu-près compris, dès les premiers mots, comment, par ce qui nous est propre, par ce qui est à nous, c’est le bien que tu voulais dire, et par actes, ce que font les gens de bien. Car j’ai entendu Prodicus faire mille distinctions de ce genre entre les mots[1]. Mais soit, donnons-leur le sens que tu voudras ; seulement explique-toi, et dis ce que tu entends par chacun des mots que tu emploies. Encore une fois donc, bien positivement, [163e] faire le bien ou y travailler, comme tu voudras l’appeler, est-ce là ce que tu appelles être sage ?

Oui, c’est cela.

Ainsi être sage, c’est faire le bien et non pas le mal.

Et toi, mon excellent ami, dit Critias, n’es-tu pas de cet avis ?

Qu’importe ? lui répondis-je, nous n’examinons pas encore ici ce que je pense, mais ce que tu dis.

  1. Voyez le Cratyle, l’Euthydème et le Protagoras.