Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/339

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sur la sagesse. Car sans doute ce qui paraît à tous le bien le plus précieux [175b] ne nous semblerait pas privé de toute espèce d’avantage, si j’étais le moins du monde habile à bien examiner les choses. Mais nous voilà battus de toutes parts, sans pouvoir trouver quel sens a pu attacher au mot sagesse celui qui l’a fait, et pourtant à combien de suppositions ne nous sommes-nous pas livrés sans pouvoir les prouver ! D’abord nous avons supposé qu’il y a une science de la science, quoique la suite de nos raisonnemens n’ait pu seulement nous en faire admettre l’existence ; ensuite , nous avons supposé gratuitement qu’elle embrassait les objets des autres sciences, [175c] afin de mettre le sage à même de savoir qu’il sait ce qu’il sait et ce qu’il ne sait pas. Et nous avons fait nos concessions assez libéralement, puisque nous n’avons pas considéré qu’il est impossible de savoir en aucune façon ce qu’on ne sait absolument pas. Car le principe que nous accordions supposait la possibilité de cette connaissance, et, à mon avis, rien n’est plus absurde. Mais pourtant avec toute notre complaisance et notre facilité, [175d] notre discussion n’a pu nous conduire à aucun résultat : au contraire, elle semble s’être jouée de la vérité, et, quoi que nous ayons supposé ou inventé pour définir la sagesse, elle a tou-