Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/358

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poser à l'ennemi et l'intimider. Je suis donc d'avis, Lysimaque, qu'il faut faire apprendre aux jeunes gens ces exercices, et j'en ai dit les raisons. Si Lachès est d'un autre sentiment, je serai bien aise de l'entendre.

LACHÈS.

Sans doute, Nicias, c'est une chose qui mérite réflexion que de dire de quelque science que ce soit, qu'il ne faut pas l'apprendre ; car il paraît que c'est une bonne chose de tout savoir ; et si cet exercice des armes [182e] est une science, comme le prétendent les maîtres, et comme Nicias le dit, il faut l'apprendre ; mais si ce n'est pas une science, et que les maîtres d'armes nous trompent, ou que ce soit seulement une science fort peu importante, à quoi bon s'en occuper ? Ce qui me fait parler ainsi, c'est que je suis persuadé que si c'était une chose de quelque prix, elle n'aurait pas échappé aux Lacédémoniens, qui passent toute leur vie à s'appliquer et à s'exercer [183a] à tout ce qui peut à la guerre les rendre supérieurs aux autres peuples. Et quand même elle aurait échappé aux Lacédémoniens, sans doute les maîtres qui se chargent de montrer ces exercices n'auraient pas manqué de s'apercevoir que, de tous les Grecs, les Lacédémoniens sont ceux qui s'occupent le plus des travaux militaires, et qu'un