Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/359

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homme qui serait renommé chez eux dans cet art serait certain de réussir partout, sur cette seule réputation, comme tous les poètes tragiques qui sont estimés à Athènes. Celui qui se croit un bon poète tragique, ne court pas de ville en ville autour de l’Attique [183b] pour faire jouer ses pièces, mais il vient droit ici nous les apporter, et cela est fort raisonnable ; au lieu que je vois ces champions qui enseignent à faire des armes, regarder Lacédémone comme un sanctuaire inaccessible où ils n’osent mettre le pied, tandis qu’ils se montrent partout ailleurs, et surtout chez des peuples qui s’avouent eux-mêmes inférieurs à beaucoup d’autres en tout ce qui concerne la guerre. [183c] D’ailleurs, Lysimaque, j’ai déjà vu, à l’œuvre, bon nombre de ces maîtres, et je sais ce dont ils sont capables. Et ce qui doit nous décider, c’est que, par une espèce de fatalité qui semble leur être particulière, jamais aucun de ces gens-là n’a pu acquérir la moindre réputation à la guerre. On voit dans tous les autres arts ceux qui s’y appliquent spécialement, se faire un nom et devenir célèbres ; ceux-ci, au contraire, jouent de malheur, à ce qu’il paraît. Ce Stésilée lui-même, que vous [183d] avez vu tout-à-l’heure faire ses preuves devant une si nombreuse assemblée, et que vous avez entendu parler si ma-