De celui dont je parle, mon cher Lachès ; car l’affaire du devin, est de connaître seulement les signes des choses qui doivent arriver, si l’on est menacé de mort, de maladie, de la perte de ses biens, [196a] si l’on sera vainqueur ou vaincu à la guerre, ou dans d’autres rencontres ; mais de juger lequel de ces accidens est préférable, un devin en est-il plus capable qu’un autre ?
Non, Socrate, je ne puis comprendre ce qu’il veut dire ; il n’appelle courageux ni le devin, ni le médecin, ni aucun autre, à ce qu’il semble. Peut-être sera-ce quelque dieu ? Mais au fait, je vois que Nicias ne veut pas avouer [196b] franchement qu’il n’a rien dit, et qu’il se débat et se retourne en tous sens pour cacher son embarras. Toi et moi, Socrate, nous eussions pu, tout-à-l’heure, en faire autant, et trouver des subterfuges, si nous n’avions cherché qu’à nous sauver de l’apparence d’une contradiction. Si nous étions devant un tribunal, ces artifices pourraient avoir quelque raison ; mais dans une conversation comme la nôtre, pourquoi chercher à faire illusion avec des mots vides de sens ?