Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/437

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Ἔστι γάρ τι θείᾳ μοίρᾳ παρεπόμενον ἐμοὶ ἐκ παιδὸς ἀρξόμενον δαιμόνιον· ἔστι δὲ τοῦτο φωνὴ, ἣ, ὅταν γίνηται... (BEKKEK, 275.)

Nous avons établi dans les notes de l'Apologie que le τὸ δαιμόνιον devait être pris adjectivement et non substantivement. Ici se vérifie cette remarque ; car si τὸ δαιμόνιον voulait dire un démon, il serait assez bizarre d'expliquer un démon par une voix, φωνὴ ἣ....

Je conviens que plus bas, p. 276, on lit ἡ φωνὴ τοῦ δαιμονίου, et Schleiermacher convient aussi que cette fois τὸ δαιμόνιον est pris évidemment pour une personne ; mais il ajoute avec raison qu'on chercherait en vain quelque chose de semblable dans l'Apologie et ailleurs. On peut dire encore que l'imitateur de Platon, auquel nous devons le Théagès, faute d'avoir bien compris le sens délicat du τὸ δαιμόνιον de l'Apologie, a bien pu, comme font ordinairement les imitateurs, gâter l'expression platonicienne en la déterminant trop, et convertir une nuance, légèrement indiquée par un adjectif dans le modèle, en une notion positive et fixe, représentée substantivement dans la copie. Ici, j'ai dû me servir du mot génie, par la même fidélité qui me l'a fait rejeter ailleurs.