Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/445

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voit pas que de ce qu'on se connaît soi-même, il suive que l'on connaisse ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas. Critias s'écrie que cela suit aisément ; car c'est la même chose. Socrate répond qu'il ne voit pas cela, et peu-à-peu il lui prouve que de ce qu'on possède la science qui se sait elle-même, il ne s'ensuit pas qu'on sache qu'on sait telle ou telle science en particulier, mais seulement que l'on sait que l'on a du savoir en général. C'est avec la médecine que l'on sait guérir, avec l'architecture que l'on sait bâtir, en un mot, avec des sciences particulières on sait des choses particulières ; mais avec la science de la science on ne peut avoir que la conscience d'une science abstraite, de la science en soi et de rien de plus. Cette conclusion est exprimée à la fin de la manière la plus positive : οὐκ ἄρα εἰσεται ὃ οἶδεν... ἀλλ' ὅτε οἶδε μόνον. . . Le tort de Schleiermacher a été de vouloir anticiper cette conclusion. Je la laisse à sa place, et je lis au commencement, avec Bekker et tous les manuscrits : ἃ οἶδεν εἰδέναι καὶ ἅ τις μὴ οἶδεν εἰδέναι...

Je ne vois pas non plus de difficulté sérieuse dans la phrase suivante du même raisonnement (BEKKER, pag. 335 ) : Ταὐτὸν οὖν ἐστιν ἐπιστήμῃ τε καὶ ἀνεπιστημοσύνῃ ὑγιεινοῦ καὶ ἐπιστήμῃ τε καὶ ἀνεπιστημοσύνῃ δικαίου; Socrate, de peur que l'on ne confonde la science en soi avec toutes les sciences positives, com-