Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/505

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bré ; aucun ne le célébrera jamais dignement. Voici pourtant ce qui en est, car il ne faut pas craindre de publier la vérité, surtout quand on parle sur la vérité. L’essence véritable, sans couleur, sans forme, impalpable, ne peut être contemplée que par le guide de l’âme, l’intelligence. Autour de l’essence est la place de la vraie science. [247d] Or, la pensée des dieux, qui se nourrit d’intelligence et de science sans mélange, comme celle de toute âme qui doit remplir sa destinée, aime à voir l’essence dont elle était depuis longtemps séparée, et se livre avec délices à la contemplation de la vérité, jusqu’au moment où le mouvement circulaire la reporte au lieu de son départ. Dans ce trajet, elle contemple la justice, elle contemple la sagesse, elle contemple la science, non point celle où entre le changement, ni celle qui se montre différente [247e] dans les différents objets qu’il nous plaît d’appeler des êtres, mais la science telle qu’elle existe dans ce qui est l’être par excellence. Après avoir ainsi contemplé toutes les essences et s’en être abondamment nourrie, elle replonge dans l’intérieur du ciel et revient au palais divin ; aussitôt qu’elle arrive, le cocher conduisant les coursiers à la crèche, répand devant eux l’ambroisie et leur verse le nectar. [248a] Telle est la vie des dieux. Parmi