Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/561

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être à nous-mêmes qu’ils feraient des reproches : Ô Phèdre, ô Socrate, nous diraient-ils, au lieu de vous fâcher, il faut pardonner à ceux qui, ignorant la dialectique, n’ont pu par suite de cette ignorance définir la rhétorique ; [269c] parce qu’ils en avaient les éléments, ils ont cru avoir trouvé la rhétorique elle-même, et se sont imaginé qu’en enseignant tous ces détails à leurs disciples ils leur apprendraient parfaitement l’art oratoire ; quant à l’art de diriger toutes ces choses vers un but commun, la persuasion, et d’en composer l’ensemble du discours, ils l’ont négligé, et ont laissé à leurs auditeurs le soin de se tirer eux-mêmes d’affaire sur ce point.

PHÈDRE.

Mon cher Socrate, j’ai bien peur que tel ne soit ce prétendu art qu’on enseigne de vive voix et par écrit sous le nom de rhétorique, et je crois que tu as parfaitement raison : mais la véritable rhétorique, [269d] l’art de persuader, comment et d’où peut-on l’apprendre ?

SOCRATE.

Pour devenir athlète parfait dans ce genre de combat, il convient, et peut-être est-il absolument nécessaire de réunir les mêmes conditions que dans tous les autres. Si tu as reçu de la nature le talent de la parole, en y ajoutant la science