Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/562

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et l’étude tu seras un grand orateur ; s’il te manque quelqu’une de ces conditions, il faut renoncer à être parfait. Pour ce qui est de l’art, il y a sans doute une méthode à suivre, mais la route où marchent Lysias et Thrasymaque ne me paraît point la bonne.

PHÈDRE.

Laquelle crois-tu donc la meilleure ?

[269e] SOCRATE.

Le plus parfait des orateurs, selon moi, ce pourrait bien avoir été Périclès.

PHÈDRE.

Comment ?

SOCRATE.

Tous les grands arts ont besoin précisément [270a] de spéculations subtiles et transcendantes[1] sur la nature ; c’est de là que viennent, si je ne me trompe, l’habitude de considérer les choses de haut, et l’habileté qui se fait un jeu de tout le reste. À son génie naturel Périclès ajouta ces études. Il tomba, je crois, entre les mains d’Anaxagore qui y était éminent, et près de lui il se nourrit de hautes spéculations ; il approfondit la nature de ce qui est intelligent et de ce qui ne l’est pas, sujet dont Anaxagore a tant parlé, et il

  1. Allusion aux expressions dont se servaient les ennemis de la philosophie.