Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/626

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de neuf ans à la lumière du soleil. [81c] De ces âmes sortent les rois illustres, célèbres par leur puissance, et les hommes grands par leur sagesse ; dans l’avenir les mortels les appellent de saints héros[1]. Ainsi l’âme étant immortelle, étant d’ailleurs née plusieurs fois, et ayant vu ce qui se passe dans ce monde et dans l’autre et toutes choses, il n’est rien qu’elle n’ait appris. C’est pourquoi il n’est pas surprenant qu’à l’égard de la vertu et de tout le reste, elle soit en état de se ressouvenir de ce qu’elle a su antérieurement ; car, comme tout se tient, [81d] et que l’âme a tout appris, rien n’empêche qu’en se rappelant une seule chose, ce que les hommes appellent apprendre, on ne trouve de soi-même tout le reste, pourvu qu’on ait du courage, et qu’on ne se lasse point de chercher. En effet ce qu’on nomme chercher et apprendre n’est absolument que se ressouvenir. Il ne faut donc point ajouter foi au propos fertile en disputes que tu as avancé : il n’est propre qu’à engendrer en nous la paresse, et il n’y a que des hommes efféminés qui puissent se plaire à l’entendre. [81e] Le mien, au contraire, les rend laborieux et inqui-

  1. Fragment de quelque ode de Pindare, que nous n’avons plus. Schneider, Fragm. Pindar., p. 24 ; Versuch uber Pindar’s Leben und Schriften, p. 53. Heyne, t. III, 36-37.