Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/63

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les mêmes raisons que j'ai déjà employées, tu veux de nouvelles preuves, et tu traites les premières comme de vieux habits que tu ne veux plus mettre : [114a] il te faut du neuf absolument. Mais, pour moi, sans te suivre dans tes écarts, je persiste à te demander d'où tu as appris ce que c'est que l'utile, et qui a été ton maître : et je te demande en une fois tout ce que je t'ai demandé précédemment. Mais je vois bien que tu me répondras la même chose, et que tu ne pourras me montrer, ni que tu aies appris des autres ce que c'est que l'utile, ni que tu l'aies trouvé de toi-même. Or, comme tu es délicat, et que tu ne goûterais guère les mêmes propos, je ne te demande plus si tu sais ou ne sais pas ce qui est utile aux Athéniens. [114b] Mais que le juste et l'utile sont une même chose, ou qu'ils sont fort différens, pourquoi ne me le prouverais-tu pas, en m'interrogeant, s'il te plaît, comme je t'ai interrogé, ou en me parlant tout de suite ?

ALCIBIADE.

Mais je ne sais trop, Socrate, si je suis capable de parler devant toi.

SOCRATE.

Mon cher Alcibiade, prends que je suis l'assemblée, le peuple : car, quand tu seras là, ne faudra-t-il pas que tu persuades chacun en particulier ? n'est-il pas vrai ?