Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/672

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qu’elle peut s’enseigner, tantôt qu’elle ne le peut pas ? Reconnaîtrais-tu pour les véritables maîtres en quelque genre que ce soit des hommes qui seraient aussi peu d’accord avec eux-mêmes ?

MENON.

Non pas moi, par Jupiter !

SOCRATE.

Si donc ni les sophistes, ni les gens de bien eux-mêmes ne sont maîtres de vertu, il est évident que personne ne l’est.

MENON.

Il ne me paraît pas.

[96c] SOCRATE.

Mais s’il n’y a point de maîtres, il n’y a pas non plus de disciples.

MENON.

La chose me semble telle que tu dis.

SOCRATE.

Or nous sommes convenus qu’une chose qui n’a ni maîtres ni disciples ne peut s’enseigner ?

MENON.

Nous en sommes convenus.

SOCRATE.

Et nous ne voyons nulle part de maîtres de vertu ?

MENON.

Cela est vrai.