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LE BANQUET.

— Tu me fais grand plaisir, dit Aristophane[1], de vouloir qu’on se ménage ; car je suis un de ceux qui se sont le moins épargnés la nuit passée. — Que je vous aime de cette humeur, dit Éryximaque, fils d’Acumènos[2]. Il ne reste plus qu’à savoir où en est Agathon. — Où vous en êtes, dit-il, pas très-fort. [176c] — Tant mieux pour moi, reprit Éryximaque, si vous autres braves vous êtes rendus ; tant mieux pour Aristodème, pour Phèdre et pour les autres, qui sommes de petits buveurs. Je ne parle pas de Socrate, il boit comme il veut ; il lui sera donc indifférent quel parti on prendra. Ainsi, puisque vous êtes d’avis de nous ménager, j’en serai moins importun, si je vous remontre le danger qu’il y a de s’enivrer. [176d] Mon expérience de médecin m’a parfaitement prouvé que rien n’est plus pernicieux à l’homme que l’excès du vin : je l’éviterai toujours tant que je pourrai, et jamais je ne le conseillerai aux autres, surtout quand ils se sentiront encore la tête pesante de la veille. Tu sais, lui dit Phèdre de Myrrhinos[3] en l’interrompant, que je suis

  1. Le célèbre comique.
  2. Acumènos était le plus grand médecin de cette époque, et il paraît qu’Éryximaque suivait la même profession que son père. Voyez le Phèdre et le Protagoras.
  3. Voyez le Phèdre.