Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/831

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ne peut pas nier que ce mot ne réveille encore indirectement quelque notion de généralité . en même temps qu'il s'applique directement à une image, à quelque chose d'extérieur et de visible. Phédon : τὴν μέντοι ἰδέαν τῆς γῆς. Protagoras : τὴν δ' οὖν ἰδέαν πάνυ καλόχ. Phedre : ὅταν θεοειδὲς πρόσωπον ἰδῇ κάλλος εὖ μεμνημένον ἤ τινα σώματος ἰδέαν.

Tel est le sens propre des mots εἶδος αὐτὸ καθ' αὑτό, εἶδος, ἰδέα, et c'est dans ce sens que Platon les prend ordinairement. Mais il faut convenir que εἶδος et ἰδέα permutent fréquemment, et il n'est pas rare de trouverἰδέα pour εἶδος, Phèdre, Bekk., p. 23, 39, 78 et 79, comme on y trouve aussi quelquefois εἶδος pour une espèce et non pour un genre ; ainsi dans le Phèdre, Bekk., p. 79, κατ' εἴδη τέμνειν veut dire diviser l'idée générale dans ses éléments. Mais alors il ne faut pas entendre par iiεἴδηv toutes les particularités possibles, mais seulement les éléments essentiels d'une idée, ce qui implique encore quelque généralité, comme ἰδέα employé même pour εἶδος implique presque toujours encore un regard au monde extérieur.

Les idées de Platon subsistent sous des noms différents dans la philosophie moderne. Ce sont les vérités éternelles de Leibnitz, dont le dernier fondement est cet esprit suprême et universel qui ne peut manquer d'exis-