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SUR LE BANQUET.

que les anciens coupaient les œufs avec un cheveu, ce qui justifie le second membre de la phrase, et même le premier ; car, malgré l’assertion de Ruhnken, on ne voit pas pourquoi les anciens n’auraient pas salé les œufs, comme semble l’indiquer cette phrase d’Athénée, III : Τὰ μέντοι τῶν ἰχθύων ϰαὶ τῶν ταρίχων ὠὰ πάντα δύσπεπτα. D’ailleurs, ταριχεύεσθαι ne suppose pas toujours à la rigueur la salaison proprement dite, ἅλμη, mais la simple conservation par le moyen d’une substance quelconque, et c’est ainsi qu’Henri Étienne veut entendre ce passage : qui ova dissecant et in muriâ servare volunt. Columella, de servandis ovis : alii in muriâ tepefacta durant ova. Ταριχεύεσθαι se disait aussi de la conservation par le vinaigre. De tout cela il résulte que si la correction ὄα n’est pas mauvaise, elle n’est pas non plus absolument nécessaire. Cependant Bast, Ast et Schleiermacher n’ont pas hésité à l’admettre ; Bekker l’a admise dans son texte, quoique tous les mss. unanimement donnent ὠὰ. J’ai suivi les mss. ; je les ai suivis encore en conservant avec Bekker et Schleiermacher ἢ ὥσπερ οἱ τὰ ὠὰ ταῖς θριξίν. — Louis Le Roi, sur l’avis de Pélicier, évêque de Montpellier, lit : τὰ ὠὰ τέμνοντες, et entend par-là des ὠὰ τάριχα, œufs salés, desséchés, qui excitent l’appétit et font beaucoup boire. Louis Le Roi cite Hippol. Salvien, des Poissons, 12, du mulet, etc.