Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/918

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enchaîner la pensée, mais au contraire pour la vivifier. Son but est de pousser à la dialectique, de substituer à la foi passive qu’imprime ce qui est écrit, le mouvement de la réflexion, qui se rendant compte de tout et communiquant aux autres ses raisons, les excite à penser, transmet ainsi d’âge en âge des vérités, toujours anciennes et toujours nouvelles, découvertes par la pensée, maintenues et propagées par la pensée, et forme ainsi, à travers les siècles entre tous les esprits une conversation et des discours immortels, comme dit Platon, au lieu d’une foi immobile et d’une lettre morte. Le fond extérieur de ce passage est pythagoricien et oriental, et son développement est éminemment libérai et attique. Si les prêtres de l’Egypte ne voulaient pas qu’on écrivît, ce n’était nullement dans l’intérêt de la dialectique, et le mépris des pythagoriciens pour l’écriture tenait à leur esprit de mystère. Ici la tendance est absolument opposée, c’est tout-à-fait l’esprit de Socrate. C’est ce que Phèdre ne manque pas de remarquer lorsqu’il lui dit , Tu fais des discours égyptiens ; comme s’il lui disait, C’est toujours Socrate sous une forme égyptienne, et si tu voulais tu pourrais prendre toutes les formes, et rester toujours toi-même. Rien de moins égyptien que le discours de Thamus. Il est long, développé, rend raison de tout ce qu’il dit et n’a pas la plus