Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/242

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THÉÉTÈTE.

Et tu vois qu’au moyen de ce changement inattendu, notre sophiste aux cent têtes nous a forcés de reconnaître, en dépit de nous-mêmes, le non-être comme étant en quelque manière.

THÉÉTÈTE.

Je ne le vois que trop bien.

L’ÉTRANGER.

Comment nous y prendrons-nous maintenant pour être d’accord avec nous-mêmes en caractérisant son art ?

THÉÉTÈTE.

Que veux-tu dire? Quel piège parais-tu redouter ?

L’ÉTRANGER.

Quand nous disons que le sophiste en impose par des fantômes, et que c’est un art imposteur que celui qu’il exerce, ne disons-nous pas que notre âme, au moyen de cet art, est induite à se faire de fausses opinions, ou bien l’entendons-nous autrement ?

THÉÉTÈTE.

Non, c’est bien cela; nous ne saurions l’entendre autrement.

L’ÉTRANGER.

Or, une fausse opinion est celle qui admet le contraire de ce qui est ; n’est-il pas vrai ?