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NOTICE

simplicité, mais aussi la même dignité. Innocent, il ne peut consentir à un châtiment quelconque. Il propose donc qu’on le nourrisse désormais au prytanée ; et il explique tranquillement que ce serait là, en effet, le seul traitement qui serait en rapport avec sa conduite et sa situation. Quant à l’exil, que ses juges eussent peut-être accepté, Platon a tenu à lui faire dire pourquoi il n’en avait pas voulu. C’est que, partout, en restant le même, il aurait eu chance de rencontrer les mêmes dispositions. Finalement, il indique que quelques-uns de ses amis seraient prêts à payer pour lui une amende de 30 mines. L’auteur de l’Apologie devait à son propre honneur et à celui de ses compagnons de faire savoir à ses lecteurs que cette proposition avait été faite. Socrate d’ailleurs a pu, sans se démentir, la communiquer lui-même au tribunal. Après qu’il avait déclaré ne rien vouloir changer à sa conduite, elle était manifestement dénuée de toute importance.

Suit enfin un troisième et dernier discours, l’allocution du condamné à ses juges, après que la sentence de mort vient d’être prononcée. Dans la réalité, la séance étant levée, ses dernières paroles n’ont guère pu s’adresser qu’à un groupe réuni autour de lui. Platon en a fait une sorte de péroraison d’une grande beauté. En face de la mort, Socrate déclare à ceux qui l’ont condamné qu’il ne regrette rien, n’ayant fait et dit que ce qui lui semblait juste. Mais il leur prédit qu’ils regretteront un jour sa condamnation. Puis, s’adressant à ceux qui avaient voté en sa faveur, il leur expose amicalement pourquoi il n’estime pas que son sort soit malheureux. Si la mort est l’anéantissement, elle est semblable à un sommeil profond, dans lequel tout sentiment serait aboli. Et si, au contraire, elle est l’entrée dans une autre vie, n’est-il pas en droit de penser qu’il y aura plaisir pour lui à y rencontrer des morts célèbres, à s’entretenir avec eux comme il s’entretenait avec les vivants et aussi à les soumettre au même genre d’examen, sûr désormais de pouvoir le faire impunément ? Sur cet espoir, il prend congé d’eux, en les exhortant à ne pas craindre la mort plus qu’il ne la craint lui-même.

Toute cette fin est empreinte de sérénité. Nous avons lieu de croire qu’elle exprime fidèlement les sentiments de Socrate. Platon n’a pas voulu lui prêter plus de certitude qu’il n’en