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APOLOGIE DE SOCRATE

avait réellement. Si plus tard, dans le Phédon, il l’a montré affirmant nettement sa foi en l’immortalité de l’âme, c’est qu’alors il se donnait le droit de lui attribuer librement ses propres pensées ; les démonstrations qui remplissent ce dialogue sont en fait essentiellement platoniciennes, nullement socratiques. Mais, dans l’Apologie, il se proposait de faire mieux connaître le vrai Socrate. Il ne pouvait, sans manquer à son dessein, se permettre d’altérer gravement sa physionomie, en lui prêtant, sur un point essentiel, des idées qu’il n’avait pas professées.

Cette observation confirme ce qui a été dit plus haut du caractère général de l’œuvre. Si Platon ne s’y est pas attaché à reproduire exactement les paroles de Socrate, il a tenu pourtant à respecter la vérité de son caractère. Dans cette mesure l’Apologie est un témoignage de la plus haute valeur. C’est probablement l’écrit qui a le plus contribué à fixer, pour les Athéniens du ive siècle, les traits caractéristiques du personnage de Socrate, avant que sa physionomie ne se fût légèrement altérée dans les grands dialogues qui suivirent. L’homme que nous voyons là est bien celui que Platon avait connu et aimé, le sage à l’esprit aiguisé, à l’humeur enjouée, cachant, sous la simplicité de ses manières, l’âme d’un héros et les vertus d’un saint. L’auteur a réussi à montrer, sans effort apparent, la foi intime que son maître eut toujours en son action bienfaisante, foi qui demeure la meilleure explication de toute sa vie et aussi celle de sa mort.



IV

L’APOLOGIE DE SOCRATE PAR XÉNOPHON


Outre la présente Apologie, nous possédons une autre Apologie de Socrate qui figure dans l’œuvre de Xénophon.

Bien que l’authenticité en ait été fortement contestée, il est très possible qu’elle soit effectivement de lui. Nous n’avons pas ici à discuter cette question ni à parler longuement de cet opuscule. Contentons-nous de rappeler que l’au-