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NOTICE

teur s’y est proposé d’abord de justifier l’indifférence témoignée par Socrate en face du danger qui le menaçait ; puis, de donner un résumé rapide de ce qu’il avait dit à ses juges ; enfin d’apporter quelques explications complémentaires, quelques témoignages relatifs à ses derniers jours, à son accusateur principal, aux pressentiments qu’il avait manifestés. La partie qui est censée reproduire en abrégé la défense improvisée par l’accusé est la seule qui corresponde à l’Apologie composée par Platon.

Tout en s’accordant avec celle-ci pour l’essentiel, elle en diffère sensiblement, non seulement par la brièveté et la sécheresse, par la raideur du ton, par le manque de grâce, mais aussi par l’attitude générale qu’elle prête à Socrate. Celui-ci y est représenté comme doué d’un véritable don de prophétie dont il aurait usé au profit de ses amis. En outre, les termes de l’oracle rapporté de Delphes par Chéréphon y sont modifiés de manière à devenir un éloge complet de la vertu de Socrate, ce qui en altère gravement la portée. Et cet éloge, Socrate est censé l’avoir développé lui-même complaisamment, de la manière la plus invraisemblable. Enfin, l’auteur lui prête une sorte de prédiction oraculaire, relative à Anytos et à son fils, et il constate qu’elle s’est réalisée. On voit par ce dernier détail que cette Apologie a dû être écrite longtemps après le procès. Elle nous montre ce qu’on pouvait appeler la légende de Socrate au premier degré de sa formation.