rudesse. C’est bien ainsi, n’est-ce pas, que nous les avons définies[1] ?
Calliclès. — Tout à fait ainsi.
Socrate. — Et nous avons dit que l’une, celle qui vise le plaisir, n’est qu’une flatterie sans dignité. Est-ce vrai ?
Calliclès. — Soit, puisque cela te plaît ainsi.
Socrate. — L’autre au contraire vise à rendre aussi parfait que possible l’objet dont elle s’occupe, que ce soit le corps ou l’âme ?
Calliclès. — Oui.
Socrate. — Ne devons-nous pas, dans les soins que nous donnons à la cité et aux individus, nous préoccuper de rendre les citoyens eux-mêmes les meilleurs possible ? Sans cela en effet, ainsi que nous l’avons reconnu précédemment, tous les autres services que nous pourrions leur rendre seraient vains du moment où l’honnêteté de la pensée manquerait à des hommes appelés à s’enrichir, à exercer le pouvoir ou à disposer d’une puissance quelconque. Tenons-nous cela pour acquis ?
Calliclès. — Certainement, si cela te plaît.
Socrate. — Suppose maintenant, Calliclès, que, décidés à nous occuper des affaires publiques, nous nous exhortions l’un l’autre à nous tourner vers les constructions, vers ce qu’il y a de plus considérable en fait de murs, d’arsenaux ou de temples ; ne devrions-nous pas nous examiner et nous interroger nous-mêmes tout d’abord sur notre connaissance ou notre ignorance de l’art, l’architecture, et sur les maîtres qui nous l’auraient enseignée ? Devrions-nous agir ainsi, oui ou non ?
Calliclès. — Oui, sans aucun doute.
Socrate. — En second lieu, ne faudrait-il pas vérifier si nous avons déjà antérieurement bâti quelque construction privée pour un de nos amis ou pour nous-mêmes, et si cette construction est belle ou laide ; puis, si nous découvrons après examen que nos maîtres étaient excellents et réputés, que nous avons construit nombre de beaux édifices, d’abord