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112 b
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PHÉDON

terme b du cours de leurs flots, c’est que l’eau n’y trouve pas de point d’appui ni de base[1] ; il est donc naturel qu’elle y ait un mouvement d’oscillation et d’ondulation, qui la fait monter et descendre. L’air aussi et le souffle qui s’y rattache font de même[2] ; ils accompagnent et suivent en effet le mouvement de l’eau, aussi bien quand il la porte vers l’autre côté de la terre, que lorsque c’est de ce côté-ci. C’est comme quand nous respirons : expiration et inspiration sont toujours un cours du souffle ; de même aussi, dans la région dont il s’agit, l’oscillation du souffle, concomitante de celle de la substance humide, donne lieu à des vents d’une irrésistible violence, tant lorsqu’il entre que lorsqu’il sort. Supposons donc que l’eau se soit retirée vers les régions qu’on appelle c inférieures ; alors, en affluant à travers le sol aux lieux où, comme on l’a vu, s’opère la descente de son flot, elle les emplit : c’est comparable au procédé de l’irrigation. Supposé au contraire qu’elle les déserte pour se lancer de notre côté, ce sont ceux d’ici qu’elle emplit à nouveau. Une fois qu’ils ont été emplis, le flot s’écoulant par les voies de passage et traversant le sol, chaque fois aussi il parvient à chacun des endroits vers lesquels il s’est fait une route : c’est ainsi que, outre les mers, il produit lacs, fleuves et sources. Puis il part de là pour s’enfoncer derechef à l’intérieur de la terre, et, après avoir fait, d tantôt des circuits de plus grande longueur et en plus grand nombre, tantôt de moins nombreux et de plus courts, derechef il se jette dans le Tartare. Il y a des cas où c’est beaucoup plus bas que l’irrigation n’avait eu lieu, dans d’autres un peu plus bas, le cours du flot aboutissant toujours cependant en dessous de son départ[3]. De plus, tandis que parfois le point où le cours aboutit fait vis-à-vis à celui où s’est produit le jaillissement initial, parfois au contraire ces points sont dans la même partie ; il peut arriver d’ailleurs que les circuits du flot fassent un tour complet ; s’enroulant une seule fois ou même plusieurs en spirale autour de la terre à la façon des serpents, ils descendent aussi bas que possible pour regagner

  1. Pour comprendre ceci il faut le rapprocher de 112 e s. in.
  2. Dans nos creux l’eau est mêlée à l’air (cf. 109 b, 110 c, e) ; l’air mû est le souffle (Crat. 410 b), qui ainsi est mû avec l’eau.
  3. En descendant, on va le voir, le plus possible, le flot monte toujours vers le centre ; voir n. 1 et cf. 113 b.