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NOTICE

enivrée ou sobre, une effusion poétique. Or personne, je pense, ne voudra soutenir que le Banquet soit dénué d’une signification philosophique profonde.

Le dialogue se divise très nettement en trois parties. La première est un exposé de théories non philosophiques sur l’amour, et en particulier sur l’amour masculin. La deuxième, la plus importante et dont la partie essentielle est le discours de Diotime, nous dit ce qu’est l’amour au regard de la philosophie et comment celle-ci comprend la forme d’amour dont il s’agit. La troisième montre en Socrate une image de l’amour ainsi compris et ainsi pratiqué. Une introduction a défini les conditions dans lesquelles la tradition de cet entretien est parvenue jusqu’à celui qui en est le narrateur. Un prologue a raconté les circonstances qui ont amené l’entretien et dans lesquelles il s’est engagé. Un bref épilogue dira comment il s’est terminé.

Sur l’introduction il est inutile de revenir : les points les plus marquants en ont été étudiés à propos du problème historique (p. xix sq.). Du prologue il a été dit aussi çà et là quelque chose, et surtout en expliquant le titre du dialogue et ce qu’est un symposion (p. xii sqq.) ; quelques points subsistent cependant, sur lesquels il faut appeler l’attention.


Prologue,
174 a-178 a.

Tout d’abord, il y a dans ce prologue un passage (175 c-e) qui, à première vue, semble n’être qu’un échange de politesses entre celui qui reçoit et le plus marquant de ses hôtes. Or il pose véritablement, non pas le problème lui-même, mais l’opposition capitale des points de vue et des méthodes dans la façon de l’envisager et de le traiter. Agathon invite Socrate à s’asseoir auprès de lui : il espère que, par une sorte de transfusion spirituelle, il fera ainsi passer en lui quelque chose des pensées[1] qui ont été pour Socrate

  1. Ceci rappelle Rép. VII 518 bc, où Platon raille les gens qui s’imaginent que la science peut être introduite en une âme où elle n’est point, à la façon dont on introduirait la vue dans des yeux aveugles. — À 176 d 6, j’ai modifié la ponctuation traditionnelle (voir l’apparat critique). Avec cette ponctuation on comprend : couler de ce qu’il y a de plus plein en nous dans ce qu’il y a en nous de plus vide. Cette construction du pronom personnel m’a paru peu