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NOTICE


I

LE PHÈDRE

Le Banquet et le Phèdre.

Entre le Banquet et le Phèdre la relation est une de celles qui nous sont le plus familières : dans tous les deux en effet il est parlé de l’amour et ce sont eux qu’on utilise pour définir la conception que s’en fait Platon. Toutefois, ainsi comprise, la relation n’est peut-être qu’extérieure et superficielle. Sans doute n’est-il pas faux de dire que l’amour est le sujet du Banquet ; mais c’est une question, comme on le verra (section III), de savoir s’il en est pareillement du Phèdre. Bien plus, même à propos du premier, on avait pu se demander (Notice p. xcii, n. 1) s’il ne s’y cachait pas une autre intention, celle d’opposer, sur ce thème, le point de vue de la Philosophie à celui des Sophistes et des Rhéteurs. Cette intention se dévoile et prend corps dans le second dialogue, où décidément le problème de l’amour semble bien n’être pour Platon qu’une occasion de dire comment il conçoit la culture et l’enseignement, d’une façon qui contraste vivement avec l’idée qu’on s’en faisait dans les écoles de rhétorique. Il en résulte d’ailleurs, ainsi qu’on essaiera de le montrer plus tard (Notice, p. cxxxv sqq.), un approfondissement et un élargissement de la conception même de l’amour par la nécessité, ouvertement reconnue, d’y introduire une théorie de l’âme. Il est possible aussi que, dans le Banquet, cette nécessité fût déjà entrevue, si vraiment la connaissance de l’âme humaine est, comme je l’ai pensé