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MÉNEXÈNE

à une autre hypothèse : celle qui tient le Ménexène pour directement imité de Gorgias[1]. Il est beaucoup plus probable que Platon, sans s’interdire des allusions ou des réminiscences particulières, a surtout cherché à reproduire, pour donner à sa critique toute la portée possible, l’esprit et les procédés de l’épitaphios en général[2].


La date du Ménexène.

Le Ménexène n’est pas antérieur à 387, puisqu’il y est parlé de la paix d’Antalcidas[3]. Il ne doit pas avoir été écrit longtemps après, car il ne fait aucune allusion aux événements qui suivirent[4]. Il faut donc en placer la date vers 386[5].

    quer que la manière de Gorgias était alors devenue dominante. Cf. Raeder, op. laud., p. 127.

  1. À en croire Dümmler (o. l., p. 24) Platon a en vue l’épitaphios prononcé par Gorgias en 391. D’après Berndt, c’est aussi Gorgias qu’il faut chercher derrière le nom d’Aspasie, et c’est lui que Platon a imité, sans songer d’ailleurs à un discours déterminé (o. l., p. 15 sq.). Quand il prétend avoir failli recevoir des coups d’Aspasie, Socrate, dit-il, fait allusion aux procédés en usage dans l’école de Gorgias (p. 23). Platon feint d’avoir abandonné la philosophie pour l’enseignement du célèbre sophiste.
  2. On ne sait quel sens attribuer à la mention d’Archinos et de Dion (234 b). Archinos est l’homme d’État qui, aux côtés de Thrasybule, lutta contre les Trente en 403, et après le rétablissement de la démocratie, contribua énergiquement à la réconciliation des partis. Mais, après cette date, sa carrière ne nous est plus connue. On ignore tout de Dion, qu’il faut peut-être identifier avec l’Athénien de ce nom, député avec Conon auprès de Tiribaze en 392 (Xénophon, Hell., IV, 8, 13). L’affirmation de Denys d’Halicarnasse (o. l., p. 23) que Platon donne son discours (ὡς δὲ αὐτός φησιν) comme imité d’Archinos et de Dion, est fantaisiste. Toutefois Archinos avait composé une oraison funèbre, et Krüger a supposé que le Ménexène est dirigé contre elle. Hölterman pense (o. l., p. 98) que Platon vise un épitaphios écrit par Lysias pour Archinos ou Dion, en 387.
  3. Il est donc impossible de le tenir avec Dümmler (op. laud., p. 21) comme composé peu après 391 ou 390.
  4. Raeder, o. l., p. 125. Raeder tire aussi cette conclusion (p. 66) du caractère des anachronismes qui se relèvent dans le dialogue. Wendland (o. l., p. 192) place le Ménexène entre 387 (ou 385) et 380.
  5. En 386 suivant Wilamowitz (o. l., p. 127) ; de même Shawyer, o. l., p. vi ; vers 387, d’après Höltermann (o. l., p. 101) et Hoffmann, p. 328 ; en 387 ou 386, selon Trendelenburg (o. l., p. 6).