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EUTHYDÈME

ces autres personnes, dis-je en lui[1] désignant les amants de Clinias. » Déjà en effet ils faisaient cercle autour de nous. Car Ctésippe s’était trouvé assis loin de Clinias, et, me sembla-t-il, comme Euthydème, en causant avec moi, se trouvait penché en avant, avec c Clinias entre nous, il masquait la vue à Ctésippe. Désireux de contempler son bien-aimé, et en même temps curieux d’entendre, Ctésippe avait donc sauté sur ses pieds, et le premier s’était approché juste en face de nous ; les autres, en le voyant, firent de même et nous entourèrent, les amants de Clinias avec les disciples d’Euthydème et de Dionysodore. C’est eux que je désignai à Euthydème, en lui disant que tous étaient prêts à s’instruire. Ctésippe m’approuva avec d le plus grand empressement, les autres aussi, et tous ensemble invitèrent les deux frères à exhiber[2] la valeur de leur savoir.


Invitation de Socrate aux sophistes.

Je repris alors : « Euthydème et Dionysodore, je vous en prie instamment ; aux sophistes, d’une manière ou d’une autre faites-leur ce plaisir, et, pour l’amour de moi, montrez-nous votre savoir-faire. Nous en découvrir la plus grande part ne serait évidemment pas une petite affaire, mais répondez-moi sur ce point : celui qui est déjà convaincu de la nécessité de prendre vos leçons est-il le seul dont vous pourriez faire un homme de bien ? ou en est-il de même pour qui e n’en est pas encore persuadé, faute de croire en général que cet objet, la vertu[3], peut s’apprendre, ou que vous l’enseignez tous deux ? Voyons, un homme ainsi fait, le même art se charge-t-il de le persuader que la vertu s’enseigne, et que vous êtes les maîtres les plus capables de l’en instruire, ou est-ce un autre art ? »

« C’est ce même art, Socrate », répondit Dionysodore.

    d’une faute. Socrate affecte de traiter comme des dieux ces hommes supérieurs ; 293 a, il les invoquera comme les Dioscures.

  1. À Euthydème ; voir plus bas.
  2. Ἐπιδείκνυσθαι : donner une conférence, prononcer un discours d’apparat (ἐπίδειξις). Cf. Hipp. maj. 286 b, Lachès, 183 b.
  3. L’expression τὸ πρᾶγμα τὴν ἀρετὴν a paru suspecte ; la première impression est que τὴν ἀρετὴν est une glose destinée à expliquer τὸ πρᾶγμα. On peut néanmoins défendre le texte en s’appuyant sur Protagoras, 327 a : τούτου τοῦ πράγματος, τῆς ἀρετῆς, cet objet, je