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ION

phon et de l’endroit des Mémorables rappelé plus haut[1], sans parler du Phèdre qu’il aurait maladroitement utilisé[2]. On ignore la date du Banquet, antérieur au Banquet de Platon, selon les uns, composé après lui, suivant les autres[3]. De toute façon, Xénophon n’a pas dû commencer à écrire avant son établissement à Scillonte, qu’il faut fixer autour de 387. Si l’Ion s’inspirait du Banquet, il conviendrait donc d’en placer la composition après cette date, peut-être même sensiblement plus bas[4]. Mais ici toutes les vraisemblances désignent Xénophon comme l’imitateur[5]. Dans l’Ion, la citation de l’Iliade relative au conducteur de char est tout à fait à sa place ; dans le Banquet (où elle se réduit à trois vers), son apparition est inattendue. La remarque est encore plus vraie de la seconde citation de Nicératos (sur l’oignon). Quand on passe de l’Ion au Banquet, on a nettement l’impression que Xénophon se souvenait de Platon. La manière, assez incohérente, dont les idées s’associent dans la bouche de Nicératos, les mots mêmes dont il se sert pour les introduire semblent en être la preuve.

De l’incontestable rapport qui unit l’Ion et le Banquet de Xénophon, il n’y a donc rien à tirer pour la date du premier. Les allusions à Héraclide de Clazomène et à la situation d’Éphèse montrent que l’Ion n’est pas antérieur à 394. Convient-il de le faire descendre beaucoup plus bas ? Les deux ou trois particularités de langue invoquées par St G. Stock pour placer l’Ion après la République n’ont rien de décisif. Un examen plus étendu des formules de réponse, de l’hiatus, de l’emploi des adverbes ὥσπερ et καθάπερ, conduit au contraire W. Janell[6] à ranger l’Ion parmi les écrits de jeunesse, non

  1. P. 12.
  2. Ce qui n’empêchait pas Ast de proposer pour l’Ion la date de 406 ou 405.
  3. Voir l’édition du Banquet de Platon par Hug, Leipzig, 1876, p. xxiii et sq. La seconde hypothèse me semble la plus probable (cf. W. Janell, o. l., p. 328). Dans la Notice de son édition du Banquet, M. Robin, après un examen approfondi de la question, renonce à conclure.
  4. Suivant Ad. Roquette, De Xenophontis vita, Progr. Königsberg, 1884, le Banquet doit être de 380 environ.
  5. Wilamowitz, o. l., p. 35. W. Janell l’avait déjà très bien montré.
  6. O. l., p. 333 sq.