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NOTICE

Au combat de Tanagra, les Athéniens, suivant l’orateur, défendaient contre Lacédémone la liberté béotienne (242 a-b) ; en réalité, Athènes soutenait ses propres intérêts, en luttant contre la prépondérance thébaine, appuyée par Sparte. La générosité des Athéniens est glorifiée dans l’affaire de Sphactérie (242 c) : ils épargnent, nous dit-on, les prisonniers Spartiates, les rendent et concluent la paix. Nous savons au contraire par Thucydide (IV, 41) qu’ils gardaient les captifs comme otages, se réservant de les mettre à mort si les Lacédémoniens envahissaient l’Attique, et qu’ils les rendirent, non pas avant la paix de Nicias, mais après la conclusion du traité et en vertu des conventions (V,  18). C’est aussi pour défendre la liberté des Léontins qu’Athènes, à en croire l’orateur (242 e), entreprit l’expédition de Sicile : Thucydide lui prête des motifs moins désintéressés[1]. La fin malheureuse de la guerre est attribuée aux dissensions d’Athènes (243 d) ; il n’est question ni de la défection des alliés, ni d’Ægos Potamoi.

L’orateur (244 b-c) montre Athènes résolue, après 404, à ne plus intervenir pour la défense des Grecs menacés dans leur liberté, parce qu’ils avaient payé d’ingratitude son dévouement : il paraît oublier qu’à cette date la ville était devenue la vassale de Lacédémone, et qu’en cette qualité elle dut, en 399, aider Sparte à écraser Élis. Plus loin (244 d) il fait voir Argiens, Béotiens et Corinthiens implorant l’aide d’Athènes, qui consent encore, malgré son juste ressentiment, à intervenir pour les sauver de la servitude : nous savons, au contraire, que le soulèvement contre Sparte fut soudoyé par l’or de Tithraustès ; les Athéniens, impatients de

    l’armée, et l’ensemble des troupes grecques, où plus de vingt cités, en dehors d’Athènes et de Lacédémone, étaient représentées par vingt-cinq mille hoplites, obéissait aux ordres du Spartiate Pausanias.

  1. En 426, elle veut empêcher les Péloponnésiens de tirer des approvisionnements de la Sicile, et soumettre l’île à sa domination (Thucyd., III, 86) ; en 415, le secours donné à Égeste contre Sélimonte n’est qu’un prétexte (id., VI, 6). — L’exposé du Ménexène brouille la suite des faits. D’après Thucydide (III, 86-105) Athènes envoie en 426 vingt vaisseaux aux Léontins, en guerre avec Syracuse, qui ont fait valoir d’anciens traités ; entre 426 et 424 se placent l’expédition contre les îles d’Éole, la prise de Myles, la soumission de Messine, la descente opérée à Himère. Mais ces événements sont antérieurs à la paix de Nicias.