Hermogène. — Tu dis vrai.
Socrate. — Et tu approuves cette conclusion ?
Hermogène. — Non pas. Mais, Socrate, quelle sorte d’imitation sera donc le nom ?
Socrate. — Tout d’abord, à mon avis, il n’y en aura pas, si, pour imiter les choses, nous employons un moyen analogue à la musique — d et dans ce cas-là pourtant c’est aussi la voix qui nous sert à imiter — ; ensuite, si ce sont les objets imités par la musique que nous imitons à notre tour, notre opération, à mon avis, ne sera pas celle de nommer. Voici ce que je veux dire : les choses ont chacune un son et une forme, et même beaucoup d’entre elles, une couleur ?
Hermogène. — Parfaitement.
Socrate. — Si l’on imite ces propriétés, ce n’est donc pas non plus dans ces formes d’imitation, semble-t-il, que l’art est celui de nommer. Car l’une, c’est la musique, et l’autre, la peinture. N’est-ce pas ?
Hermogène. — Oui.
Socrate. — e Et ceci, qu’en penses-tu ? chaque chose, à ton avis, n’a-t-elle pas son essence de même que sa couleur et les autres propriétés dont nous parlions à l’instant[1] ? Et d’abord, la couleur elle-même et le son n’ont-ils pas chacun son essence, comme tout ce qui a mérité l’appellation d’être ?
Hermogène. — C’est mon avis.
Seconde définition du nom.
Socrate. — Eh bien, si cela même, je veux dire l’essence de chaque objet on pouvait l’imiter par des lettres et des syllabes, ferait-on voir chaque chose dans sa réalité, oui ou non ?
Hermogène. — 424 Parfaitement.
Socrate. — Et comment appellerais-tu l’homme doué de ce pouvoir ? Les précédents, tu les appelais l’un, musicien, l’autre, peintre. Et celui-là, comment ?