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LA RÉPUBLIQUE IV


Il y a avantage
à être juste,
désavantage
à être injuste.

445XIX  Il nous reste maintenant, ce me semble, à examiner s’il est utile d’agir selon la justice, de pratiquer l’honnêteté et d’être juste, que l’on soit ou non connu pour tel, ou de commettre des injustices et d’être injuste, en échappant à la punition et à la nécessité de s’amender par le châtiment.

Mais, Socrate, dit-il, il me paraît ridicule de s’arrêter à présent à cet examen. Si en effet, quand la constitution du corps est ruinée, la vie devient insupportable, même lorsqu’on peut goûter tous les mets et toutes les boissons et tous les avantages d’une opulence et d’un pouvoir sans bornes, comment serait-il possible qu’elle devînt supportable, quand la nature du principe même bde la vie est troublée et corrompue, eût-on d’ailleurs le pouvoir de tout faire, sauf ce qui peut nous délivrer du vice et de l’injustice et nous procurer la justice et la vertu[1] ? Et la preuve en est faite par ce que nous avons exposé de la nature de la justice et de l’injustice.

C’est ridicule en effet, répondis-je ; cependant, puisque nous sommes arrivés au point de voir dans la dernière évidence que telle est la vérité, il ne faut point nous décourager.

Non, par Zeus, il ne le faut pas le moins du monde, dit-il.


Reste à étudier
les formes du vice
ou injustice.
c

Approche maintenant, continuai-je, que je te fasse voir combien il y a, selon moi, de formes de vices, du moins de formes qui méritent d’être observées.

Je te suis, dit-il ; tu n’as qu’à parler.

Eh bien, repris-je, du point de vue élevé où nous a portés la discussion, j’aperçois une seule forme de vertu, mais d’innombrables formes de vice, dont quatre méritent de nous arrêter.

Que veux-tu dire ? demanda-t-il.

    en ce qui regarde la force et la quantité, et surtout bien mélangées. Il souffre, quand l’une d’elles est trop petite ou trop grande ou se sépare dans le corps et n’est pas mélangée aux autres. »

  1. Platon pense que la vie n’est pas viable pour le coupable qui fait sa volonté ; mais qu’elle peut le devenir, s’il veut renoncer au vice. Cf. Gorgias 505 a-c et 527 b.