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NOTICE GÉNÉRALE

en témoignent, ainsi que les rares fragments de ceux des socratiques ou les titres qui nous ont été conservés — semble avoir adopté pour première règle de ne mettre en scène que des personnages d’une autre génération et ne permettait guère par conséquent, sinon par manière d’allusion ou de symbole, de s’occuper des événements contemporains. C’est pourquoi Platon ne parle pas de lui, sauf une ou deux fois. Or, les aventures dans lesquelles il s’est trouvé engagé, l’échec de ses théories politiques si malheureusement appliquées à Syracuse, ne risquaient-elles pas de décourager, de scandaliser ses disciples, de provoquer les railleries de ses adversaires et de porter un coup fatal à son école ? Se défendre dans des dialogues au moyen d’allusions ne suffisait plus. Il fallait une apologie plus directe. Serait-il surprenant qu’il eût voulu s’expliquer clairement une bonne fois sur les affaires siciliennes et qu’il eût, dans ce but, adopté la fiction de la lettre ouverte ? Donc, même si l’existence du genre épistolaire au ive siècle n’est pas une présomption en faveur de l’authenticité des Lettres de Platon, elle prouve du moins la possibilité d’une telle correspondance. D’autre part, la multitude de faux qui encombraient la littérature alexandrine et surtout celle des temps postérieurs, la certitude où nous sommes qu’il s’en est glissé dans le recueil platonicien, doivent garder notre attention en éveil. Les Lettres ne peuvent être examinées toutes en bloc et acceptées ou rejetées dans leur ensemble. Il faut les traiter chacune à part et les soumettre à une enquête sévère pour essayer de dépister les indices suspects. Évidemment, le fait qu’elles sont mentionnées dans les catalogues parmi les œuvres véritables ne constitue pas un argument décisif. Mais avouons que les arguments invoqués contre l’authenticité sont trop souvent étrangers à la saine méthode critique. Parce que dans les Lettres on découvre des pensées, des expressions, même des tournures de phrase qui paraissent calquées sur celles des Dialogues, on ne sera pas autorisé pour autant à les condamner. D’un dialogue à l’autre, Platon se répète et parfois presque textuellement. — De même, fonder un jugement d’inauthenticité sur la maladresse des