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NOTICE

Minotaure ou que, errants et ne pouvant trouver d’issue, ils périssaient là. Et Plutarque cite en témoignage des vers d’Euripide.

Mais Philochoros[1] s’inscrit en faux contre cette narration. D’après lui, le Labyrinthe était une simple prison. Les jeunes gens étaient donnés comme esclaves aux vainqueurs des jeux organisés par Minos en l’honneur de son fils Androgée. Aristote lui-même, dans sa Constitution des Bottiaees, ne croit pas au meurtre des jeunes gens, mais il pense qu’ils vieillissaient en Crète et travaillaient en qualité de salariés. Il fournit les preuves de son affirmation. « Il apparaît vraiment, poursuit Plutarque, qu’il est dangereux d’encourir la malveillance d’une ville qui sait parler et qui a des lettres. Car Minos n’a cessé depuis lors d’être diffamé et injurié sur les théâtres attiques. C’est sans profit qu’Hésiode l’a qualifié de « très royal », et Homère, de « confident de Zeus ». Les poètes tragiques prévalurent et, du haut de la scène, répandirent sur lui tous leurs mépris, comme sur un homme qui avait été dur et cruel. Pourtant, Minos fut dit-on, roi et législateur ; Rhadamanthe, juge et gardien de ces lois établies par Minos[2] ».

Au chapitre xx, Plutarque relate que, d’après des habitants de Naxos, il y aurait eu deux Minos et deux Ariadnes.

Ce témoignage est intéressant, car il précise celui de Strabon et, par l’indication des sources, Aristote, Philochoros, il nous permet de conjecturer que la critique de la légende,

  1. Philochoros appartient à ce groupe d’historiens du iiie siècle qui, sur l’impulsion donnée par Aristote, travaillaient à constituer des recueils de matériaux pour préparer des éléments aux futures synthèses historiques. On cite de lui un recueil d’Inscriptions attiques et surtout son Atthide ou chronique athénienne. Voir la notice que lui a consacrée Suidas.
  2. Ἔοικε γὰρ ὄντως χαλεπὸν εἶναι φωνὴν ἐχούσῃ πόλει καὶ μοῦσαν ἀπεχθάνεσθαι. Καὶ γὰρ ὁ Μίνως ἀεὶ διετέλει κακῶς ἀκούων καὶ λοιδορούμενος ἐν τοῖς Ἀττικοῖς θεάτροις. Καὶ οὔτε Ἡσίοδος αὐτὸν ὤνησε, βασιλεύτατον, οὔτε Ὅμηρος, ὀαριστὴν Διὸς προσαγορεύσας· ἀλλ’ ἐπικρατήσαντες οἱ τραγικοὶ πολλὴν ἀπό τοῦ λογείου καὶ τῆς σκηνῆς ἀδοξίαν ἀὐτοῦ κατεσκέδασαν, ὡς χαλεποῦ καὶ βιαίου γενομένου· καίτοι φασὶ τὸν μὲν Μίνω βασιλέα καὶ νομοθέτην, δικαστὴν δὲ τὸν Ῥαδάμανθυν εἶναι καὶ φύλακα τῶν ὡρισμένων ὑπ’ ἐκείνου δικαίων. Thésée, XVI. — Comparer le dialogue platonicien 320 e, 321 a b.