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MINOS OU SUR LA LOI

telle que nous la lisons chez Plutarque et telle aussi que l’entreprend l’auteur du dialogue platonicien, se rattache au mouvement d’études historiques dont Aristote avait été le promoteur. On voit, en effet, que la version admise dans le dialogue se rapproche beaucoup plus de celle de Philochoros que de celle d’Éphore.

III

QUESTIONS D’AUTHENTICITÉ ET DE DATE

Aristophane de Byzance place le Minos dans la troisième trilogie, entre les Lois et l’Épinomis[1]. Le dialogue a donc été certainement composé avant la fin du iiie siècle. Les anciens le tenaient évidemment pour authentique, sans quoi Aristophane ne l’aurait pas accepté dans son catalogue.


Minos
et les dialogues
platoniciens.

Il semble pourtant difficile d’attribuer cet écrit à Platon. La manière est très différente des premiers dialogues auxquels il pourrait s’apparenter par la forme, et il rappelle beaucoup plus celle de l’Hipparque. Certaines doctrines énoncées ou insinuées ne rendent guère un son platonicien. Est-ce Platon qui, reconnaissant dans la loi une œuvre de science, une œuvre stable et, pour cette raison immuable, une découverte de la vérité, de l’être (ἐξεύρεσις τοῦ ὄντος), l’aurait définie une ἀληθὴς δόξα ? Dans la République, dans le Politique, dans les Lois, Platon affirme vigoureusement que le sage doit commander, mais il insiste non moins catégoriquement sur ce fait que la sagesse doit être une science, et il distingue avec grand soin, pour les opposer l’un à l’autre, celui qui commande avec science et celui qui commande suivant l’opinion[2]. De plus, bien que l’effort du législateur soit un effort scientifique, il n’en reste pas moins un effort humain. Aussi Platon admet-il que les lois doivent nécessairement subir des changements, à cause des transformations qui se produisent dans les mœurs, dans les individus, dans les cités. Son rêve ne paraît pas être, comme pour l’auteur

  1. Diogène-Laërce, III, 61, 62.
  2. Politique, 301 b.