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NOTICE

Théagès, le terminus post quem. Combien de temps a-t-il paru après Alcibiade ? Il est impossible de le décider.

Un indice pourrait, peut-être, cependant nous permettre de hasarder une date approximative. L’idée d’une domination mondiale semble préoccuper l’esprit de l’écrivain. Le souhait le plus ardent de Théagès est d’exercer la tyrannie sur tous les hommes, et, chose notable, d’être même, si possible, divinisé : εὐξαίμην μὲν ἂν οἶμαι ἔγωγε τύραννος γενέσθαι, μάλιστα μὲν πάντων ἀνθρώπων εἰ δὲ μή, ὡς πλείστων… ἔτι δέ γε ἴσως μᾶλλον θεὸς γενέσθαι (125 e, 126 a). L’auteur ferait-il allusion à un fait encore récent, et le souvenir du jeune roi de Macédoine qui avait bouleversé le monde grec et barbare par ses exploits extraordinaires et qui s’était vu un jour décerner les honneurs de la divinité, hanterait-il les imaginations ?[1] L’hypothèse nous reporterait à la fin du iiie siècle, ou au début du iiie. En tout cas, nous pouvons supposer que le dialogue fut écrit longtemps après la mort de Socrate, alors que le philosophe était en train de devenir un personnage de légende. Cette dernière remarque confirme encore la date tardive que nous croyons devoir attribuer au Théagès.

IV

LE TEXTE

Les mêmes manuscrits que pour les Rivaux ont été utilisés.


  1. Durant son expédition d’Égypte en 332-331, Alexandre alla visiter l’oracle d’Ammon en Lybie. À son retour, il garda le silence sur cette entrevue et laissa circuler toutes sortes de légendes. On raconta que, au nom du dieu, le prêtre l’avait salué comme fils de Zeus. Telle fut l’origine des prétentions d’Alexandre au titre de divinité.