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THÉAGÈS

[ou Sur la science, maïeutique.]


DÉMODOCOS, SOCRATE, THÉAGÈS

Prologue.

121Démodocos. — Socrate, j’aurais besoin de te parler un peu en particulier, si tu es libre ; et même, si tu as quelque occupation, à moins qu’elle ne soit trop importante, rends-toi cependant libre pour moi.

Socrate. — Mais précisément, je me trouve libre, et du reste pour toi, je le serais bien volontiers. Si tu désires donc me parler, tu le peux.

Démodocos. — Veux-tu que nous allions un peu à l’écart sous le portique de Zeus Libérateur ?

Socrate. — Si tu veux.

bDémodocos. — Allons-y donc. Socrate, tout ce qui pousse m’a l’air de se ressembler, fruits de la terre, animaux en général et l’homme en particulier. Pour les plantes, cela nous est bien facile, à nous tous agriculteurs, de tout disposer avant de planter, et même de planter. Mais quand ce que l’on a planté se met à vivre, les soins à donner alors à ce qui germe sont nombreux, difficiles, pénibles. Il semble également qu’il en soit ainsi quand il s’agit des hommes[1]. Par mes propres affaires, je juge aussi des autres. cCar voici mon fils : le semer ou l’engendrer, quelle que soit l’expression

  1. Traitant de l’éducation, Platon tire souvent ses comparaisons des travaux agricoles. Cf. v. g. Euthyphron, 2 d ; Théétète, 167 b ; Républ., VI, 491 d ; Lois, VI, 765 e. Dans le texte de la République, en particulier, il rappelle, ainsi que l’auteur du Théagès, de combien de soins on doit entourer la plante, et de même l’enfant, si on veut les voir se développer dans des conditions favorables.