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NOTICE


I

LE SUJET

Introduction,
138 a-d.

Sans autre préambule, sans description de lieu ou des personnages, la conversation s’engage ex abrupto entre Socrate et Alcibiade qui va prier la divinité (πρὸς τὸν θεόν, la personnalité du dieu n’est pas davantage précisée). La démarche du jeune homme semble, en effet, particulièrement grave. Alcibiade a-t-il réfléchi à la manière dont il fallait prier ? Ignore-t-il que les dieux sont dans la disposition d’accorder à chacun ce qu’il demande ? L’exemple d’Œdipe atteste que les prières des mortels peuvent être la source de maux immenses. Sans doute, mais Socrate, à son tour, oublie-t-il qu’Œdipe était un insensé ? Un homme raisonnable n’aurait jamais formulé des demandes semblables à celles du héros de la légende. Cet exemple que Socrate vient d’introduire et qu’Alcibiade récuse, servira de point de départ à toute la discussion.


Première partie,
138 d-139 c.

Œdipe était un insensé, soit, mais la folie (μαίνεσθαι) est le contraire du bon sens (φρονεῖv). Nous savons aussi par ailleurs qu’on oppose aux gens de bon sens (φρόνιμοι) ceux à qui ce bon sens fait défaut (ἄφρονες). Or, contraint d’avouer que, pour une même réalité, il ne peut y avoir deux contraires et que, d’autre part, il n’y a pas d’intermédiaire entre φρόνιμος et ἄφρων, Alcibiade doit aboutir à cette conclusion : la folie (μανία) est identique au manque de bon sens (ἀφροσύνη).