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NOTICE

d’avoir l’esprit meublé de techniques qui seront nécessairement néfastes pour les individus et les sociétés. Cette considération nous amène à conclure comme tout à l’heure : dans la prière, il faut user de beaucoup de prudence, ne pas se laisser guider inconsidérément dans ses requêtes par de fausses lumières et s’en tenir aux formules du poète énoncées plus haut, ou encore à la pratique des Lacédémoniens. Ces derniers priaient à peu près dans ces mêmes termes. Leurs offrandes étaient médiocres, mais ils furent pourtant mieux accueillis que les Athéniens dont les sacrifices abondants et somptueux ne corrigèrent pas les prières maladroites : ceux-ci s’imaginaient à tort que les dieux regardent plus aux dons et aux témoignages extérieurs qu’à la justice et à la sagesse de l’âme.

Conclusion,
150 b-fin.

La conclusion pratique sera qu’Alcibiade se tienne en repos pour l’instant. Sa μεγαλοψυχία l’empêchera, sans doute, de prier à la manière lacédémonienne. Qu’il attende donc d’être instruit par le maître dont les enseignements ne lui feront pas défaut. Ce maître, Alcibiade le couronne déjà, en présage de la victoire qu’il remportera certainement sur l’âme de son disciple.

II

LE THÈME « ALCIBIADE » ET LES DIALOGUES SOCRATIQUES

Les fragments qui nous ont été conservés, ainsi que la doxographie, témoignent que les rapports de Socrate et d’Alcibiade furent un thème largement exploité par la littérature philosophique ou sophistique. Parmi les œuvres de ceux que l’on appelle les petits socratiques, se trouvent un certain nombre de dialogues qui portent le nom d’Alcibiade. De quelques-uns, il ne reste que le titre[1], mais plusieurs extraits des compositions d’Antisthène ou d’Eschine sont parvenus jusqu’à nous. Enfin, nous possédons deux dialogues complets attribués à Platon.

  1. Phédon d’Élis et Euclide de Mégare ont tous deux composé un Alcibiade. Cf. Diogène Laërce, II, 105 et 108.