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ÉRYXIAS

Érasistratos rentre à l’instant de Sicile. L’époque supposée du dialogue est probablement celle qui précéda la grande expédition contre les Siciliens, alors qu’Athènes, entre 421 et 415, pensait établir sa domination sur les villes soulevées, grâce à une série de démonstrations militaires. On demande au nouvel arrivant ses impressions sur les gens de là-bas, sur leur attitude d’hostilité à l’égard de la ville. Érasistratos est d’avis qu’il faudrait employer la manière forte pour soumettre définitivement les cités récalcitrantes. Tandis que l’on cause, passent précisément des ambassadeurs syracusains. Cette circonstance fera naître le thème du dialogue. Un de ces envoyés est, en effet, fort riche et passe en même temps pour un homme peu estimable. Voilà de quoi fournir un aliment à une discussion philosophique sur la richesse.

Trois thèses seront tour à tour examinées : 1o Le sage est seul vraiment riche ; 2o la richesse proprement dite n’est ni un bien, ni un mal, mais peut être l’un et l’autre ; 3o il n’y a de vraie richesse que là où il y a utilité.

Ces trois parties peuvent être considérées comme les trois actes du drame où, en dehors de Socrate qui tient partout le premier rôle, Éryxias prédomine dans le premier acte ; Critias, dans le second ; enfin tous les acteurs interviennent dans le troisième, de façon à mettre en valeur le personnage principal. Érasistratos reste dans toute la discussion assez effacé ; il intervient de loin en loin pour faire rebondir la conversation.


Première thèse
(393 a-395 e).

Qui sont les riches ? Ceux qui possèdent des objets de valeur. Mais lequel a le plus de valeur et sera par conséquent de la plus grande importance pour constituer la richesse ? C’est le bonheur. Or, les hommes les plus heureux sont ceux qui réussissent le mieux dans leurs affaires. Ceux qui réussissent le mieux sont aussi ceux qui se trompent le moins souvent en ce qui les concerne et en ce qui concerne les autres. Mais ces derniers à leur tour sont ceux qui savent ce qui est bien ou mal, ce qu’il faut faire ou éviter. Le bonheur, en un mot, est identifié à la sagesse. La conclusion est donc que la sagesse est le plus précieux des biens, la véritable richesse.