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NOTICE

Mais de quoi servirait la sagesse, objecte Éryxias, si l’on manque du nécessaire pour vivre ? (394 b).

Avec la sagesse, répond Socrate, est-il possible d’en arriver à une pareille extrémité ? N’est-elle pas un bien dont les hommes doivent ressentir un plus pressant besoin que de toute autre chose, et qui la possède ne pourra-t-il, le cas échéant, en faire trafic ? (394 c-d-e).

Éryxias, peu convaincu, voit dans cette discussion de l’éristique pure, un de ces jeux chers aux sophistes, où la règle unique est de dominer l’adversaire, de mettre en valeur le raisonnement le plus fort, fût-il le plus faible du point de vue de la vérité. Il pense donc que le thème : « les plus sages sont aussi les plus riches » est un thème de ce genre (395). Aussi propose-t-il de porter la dispute sur un autre terrain. On mettra à l’étude un problème qui aurait dû préalablement être tiré au clair. Ce sera l’objet de la deuxième thèse.


Deuxième thèse
(395 e-397 c).

La richesse est-elle un bien ou un mal ? Éryxias la regarde comme un bien. Ici intervient Critias et l’on assiste au duel Éryxias-Critias, duel qui se termine à l’avantage de ce dernier. Celui-ci démontre aisément qu’être riche est un mal pour certains. Or, si la richesse était un bien, paraîtrait-elle un mal dans certains cas ? Socrate préside la passe d’armes et arbitrera le débat. Sans grande peine, Critias contraint son adversaire à reconnaître que la richesse, par l’aliment qu’elle fournit aux passions, est une source de maux.


Intermède
(397 c-399 e).

L’arbitre Socrate, pour ménager l’’amour-propre blessé d’Éryxias, va ramener l’attention sur lui-même. Il conte la jolie scène à laquelle il assista jadis. Prodicos soutenait un jour les propositions que Crilias développait à l’instant. Mais il fut entièrement confondu par un tout petit jeune homme, si bien que raillé, bafoué, il dut quitter honteux le gymnase où il discourait. Critias, au contraire, vient de réduire au silence son contradicteur. À quoi tient cette différence ? À la vérité de la thèse ou à la valeur de celui qui la défend ? Que Critias ne regarde pas cependant sa victoire comme définitive. La discussion doit être poursuivie. Après être tombés d’accord sur ce point que la richesse est un bien pour les