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NOTICE

duction de latinismes. M. Chevalier a pu dresser en une vingtaine de pages un lexique de cette langue très peu classique et il nous avertit encore que sa liste n’est pas exhaustive[1]. Qu’une telle quantité de constructions ou de mots, si peu en harmonie avec la langue du ive ou même du iiie siècle, se rencontre dans un ouvrage aussi court, on avouera que c’est déjà là une forte présomption en faveur de l’origine tardive de l’écrit.

Les Anachronismes.

Le dialogiste affectionne les descriptions de lieux, les souvenirs historiques ; il aime à rappeler les institutions en vigueur au moment où la scène est censée se passer. Il ne dédaigne ni la couleur locale, ni l’érudition. Pour des faits très connus, comme les événements principaux de la vie de Socrate ou la topographie de certains monuments d’Athènes, la difficulté n’était pas très grande. Mais les détails, parfois trop peu clairs il faut le reconnaître, qu’il apporte sur une législation qui a évolué continuellement au cours des siècles, ne sont pas exempts d’anachronismes. Nous voulons parler des quelques développements consacrés à l’éducation de l’enfant et à l’éphébie (366 d-367 b). Plusieurs traits sont peu conformes avec ce que nous apprennent les auteurs ou les inscriptions du temps. Aucun texte, sauf celui d’Axiochos, ne mentionne le pédotribe parmi les maîtres de l’enfant, mais tous les documents à nous connus le comptent parmi ceux qui contribuaient à la formation des éphèbes[2]. Il se pourrait toutefois qu’il y ait eu des pédotribes privés pour enseigner la gymnastique aux enfants. Nous n’oserions affirmer non plus que le κριτικός dont il est question une ligne plus loin, et qui est désigné comme un des professeurs de l’adolescent, n’ait pas existé à l’époque classique. En dehors de l’Axiochos, plusieurs témoignages confirment l’origine assez ancienne du terme qui fut remplacé par celui de γραμματικός[3]. Mais les détails qui concernent l’éphébie sont sans

  1. Op. cit., p. 44-63.
  2. Cf. Aristote, Ath. Pol. 43. L’assertion contraire de P. Girard et de G. Fougères dans le Dictionnaire Daremberg et Saglio, art.  Éducation et Pédotribe, II, 1, p. 471 et IV, 1, p. 277, repose sur l’unique témoignage de l’Axiochos.
  3. Cf. Clem. d’Alex., Strom. I, 16, 79, St. II, p. 51 : Ἀπολλόδωρος