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DU JUSTE

Oui.

Et avec le poids, à quel art ? À l’art de peser, n’est-ce pas ?

Sans aucun doute.

Et alors, pour discerner ce qui est juste de ce qui est injuste, à quel instrument nous référons-nous, et avec l’instrument, à quel art de préférence ? Même sous cette forme, cela ne te paraît-il pas encore bien clair ?

Non.

Reprenons donc de cette autre manière. Quand nous ne sommes pas d’accord sur ce qui est plus grand ou plus petit, qui tranche pour nous ? Les mesureurs, n’est-ce pas ?

Oui.

bEt quand il s’agit de quantité grande ou petite, qui tranche ? Ce sont les calculateurs ?

Évidemment.

Et lorsque c’est au sujet du juste ou de l’injuste que nous ne sommes pas d’accord, à qui nous adressons-nous, quels sont ceux qui tranchent pour nous dans tous les cas ? Réponds.

Veux-tu parler des juges, Socrate ?

Bien, tu as trouvé. Allons, essaie donc maintenant de répondre à cette nouvelle question. Comment s’y prennent les mesureurs pour juger de ce qui est grand et de ce qui est petit ? Ne mesurent-ils pas ?

Si.

Et pour discerner ce qui est lourd de ce qui est léger ? Ne pèse-t-on pas ?

On pèse assurément.

Et pour ce qui concerne les quantités grandes ou petites ? Ne compte-t-on pas ?

Si.

cEt alors, pour ce qui concerne le juste et l’injuste ? Réponds.

Je ne sais.

On parle, n’est-ce pas[1] ?

Oui.

C’est donc en parlant que les juges tranchent pour nous, quand ils se prononcent sur le juste et l’injuste ?

  1. Voir pour tout ce passage République, IX, 582 d : les λόγοι sont l’instrument utilisé par le philosophe pour juger de ce qui convient ou non.