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NOTICE

âmes naturellement vertueuses, ce qui serait cependant d’une souveraine importance pour la bonne marche de l’État. Donc, la vertu n’est pas apparemment une perfection que l’on possède par nature (378 c-379 c).

3e thème. — Si l’on ne naît pas naturellement vertueux et si, d’autre part, la vertu ne s’acquiert pas par l’éducation, qu’est-elle ? Sans doute, un don divin communiqué par les dieux suivant leur bon plaisir, un don du même genre que la divination ou l’inspiration prophétique (339 c-fin).


2. L’auteur. — Dans la littérature ancienne, c’était un lieu commun que de se demander si la vertu peut ou non s’enseigner. Diogène-Laërce ne cite pas moins de quatre ou cinq titres de dialogues ou de dissertations traitant ce sujet. Il attribue au cordonnier Simon un περὶ ἀρετῆς ὅτι οὐ διδακτόν (II, 122) ; à Criton, un dialogue ainsi désigné : ὅτι οὐκ ἐκ τοῦ μαθεῖν οἱ ἀγαθοί (II, 121), à Xénocrate, un écrit analogue : ὅτι παραδοτὴ ἡ ἀρετή (IV, 12). D’ailleurs, à toutes les époques et dans toutes les écoles, la vertu fut un thème de prédilection et il n’est guère de rhéteur ou de philosophe qui n’ait composé son περὶ ἀρετῆς[1]. Presque toutes ces œuvres ont disparu et nous ne possédons guère que le Ménon de Platon et notre petit dialogue pseudo-platonicien. Il nous est cependant assez facile de deviner le genre de développements que devaient comporter la plupart de ces dissertations. Un des chapitres des δισσοὶ λόγοι est consacré précisément à cette thèse : la sagesse et la vertu peuvent-elles s’enseigner ? (Diels, Vorsok. II, 83, 6). Or, ce chapitre semble être un catalogue des différents arguments utilisés par les rhéteurs : « On fait un raisonnement, écrit le sophiste, qui n’est ni vrai, ni persuasif. On prétend que la sagesse et la vertu ne peuvent ni s’enseigner, ni s’apprendre. Et ceux qui soutiennent cette proposition se prévalent des preuves suivantes : la première : si quelqu’un communique quoi que ce soit à un autre, il ne l’aura plus pour lui-même ; la seconde : si sagesse et vertu

  1. On en signale, par exemple, un d’Eschine (cf. Suidas, mais sur l’attribution à Eschine, voir l’Introduction, 2e partie, p. vi), un d’Aristippe (Diog. Laërce, II, 85), un d’Aristote (Œuvres, édit. Berlin, V, 1468), un de Théophraste (D. L., V, 46), un d’Héraclide de Pont (D. L., V, 87).