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DE LA VERTU

Oui.

bEst-il donc croyable que cet homme ait fait apprendre à ses enfants ces connaissances pour lesquelles il faut tant dépenser, quand, sans le moindre frais, il eût pu faire d’eux des hommes de bien ? Ne leur eût-il point enseigné cet art, s’il y avait moyen de l’apprendre ?

Évidemment.

Peut-être alors Thucydide était-il un homme de rien et comptait-il peu d’amis à Athènes ou chez les alliés. Peut-être nierons-nous qu’il fut d’une maison illustre et que son crédit fût grand dans la ville et dans toute la Grèce. C’est pourquoi, si cet art eût pu s’enseigner, il aurait bien trouvé quelqu’un parmi ses concitoyens cou parmi les étrangers pour faire de ses fils des hommes de bien, au cas où lui-même n’eût pas eu le loisir de s’en occuper à cause des affaires de la ville. Mais, mon cher, je crains fort, en effet, que la vertu ne puisse s’enseigner.

Peut-être que non.

Si donc on ne peut l’enseigner, est-ce que l’on naît naturellement vertueux ? Examinons la chose de la manière suivante, peut-être ainsi trouverons-nous. Voyons : il y a des chevaux naturellement bons ?

Il y en a.

Il y a aussi des hommes dont le métier est de reconnaître les chevaux d’un bon naturel, dceux dont le corps est bien constitué pour la course et, quant au caractère, ceux qui sont vifs ou sans ardeur[1] ?

Oui.

Quel est cet art ? Comment le nomme-t-on ?

L’art hippique.

Pour les chiens de même, il y a un art qui permet de discerner ceux dont le naturel est bon ou mauvais ?

Oui.

Quel est-il ?

    du Lachès. Le passage est presque textuellement transcrit du Ménon, de même que tout ce qui suit, jusqu’à c 4.

  1. On pourra comparer ce texte avec celui des Rivaux, 137 c et suiv. qui est assez semblable à celui-ci, bien que le but de la discussion soit différent. Il s’agit aussi de savoir s’il y a un art qui permette de discerner parmi les hommes les bons et les mauvais. On conclut affirmativement par analogie avec l’art hippique et l’art cynégétique.