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NOTICE

orateur politique du temps de Démosthène[1]. Il ne faudrait pourtant pas trop insister sur cette identification, car on signale entre les années 450 et 100 avant J.-Ch. une quarantaine de Callistratos, dont une vingtaine vivaient à peu près à la même époque que l’orateur d’Aphidné[2].

En tout cas, si la désignation des personnages peut fournir un indice, elle tend à montrer que le dialogue a été écrit au plus tôt dans la seconde moitié du ive siècle.


Les imitations
et les tendances.

Parmi les sources du Sisyphe, il faut en première ligne nommer Platon. Plusieurs formules, des expressions, quelques développements doctrinaux, font songer à l’un ou l’autre des dialogues platoniciens. Il n’est pourtant pas toujours possible de décider s’il s’agit d’un véritable emprunt ou de la simple utilisation d’un ouvrage commun. Ainsi, le passage où Socrate démontre à son interlocuteur la nécessité de savoir pour être un bon conseiller (389 c-390 b), dérive-t-il, comme le prétend Pavlu, du Premier Alcibiade qui traite la même question d’une façon beaucoup plus ample et plus brillante (106 d-109 d) ? Malgré des ressemblances superficielles, les divergences sont notables, et l’identité d’un thème, alors courant chez les rhéteurs, peut être la seule raison des coïncidences que l’on retrouve entre les deux œuvres.

Il en est autrement des analogies très réelles que l’on constate entre le Sisyphe et le Ménon. À vrai dire, là encore les ressemblances sont surtout extérieures et, de part et d’autre, la direction de pensée est fort différente. Je ne parle évidemment pas de la mise en œuvre, car les qualités artistiques du modèle sont absentes de la copie. Néanmoins, le rapprochement de textes, les démarcages, le choix de formules, caractéristiques de la manière platonicienne, ne permettent guère de douter que le Ménon soit une source du Sisyphe. Que l’on compare entre eux, par exemple, Ménon 71 b et Sisyphe 388 c, et l’on se rendra compte de la façon dont les formules platoniciennes sont adaptéees par l’imitateur. Les exemples empruntés à la géométrie (Sisyphe,

  1. Pavlu, Der pseudoplatonische Sisyphos, in Mitteilungen des Ver. klass. Philologen in Wien, III, 1926, p. 19-36. Cf. p. 28.
  2. Cf. article Kallistratos dans Pauly-Wissowa 102, 1730-1749.