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Page:Platon - Œuvres complètes, Tome 2, trad Dacier et Grou, 1869.djvu/262

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de Lysis. Passe encore lorsqu’il n’en parle qu’en prose, dans la conversation ; mais c’est qu’il vient nous inonder de ses pièces en vers. Et ce qui est intolérable, c’est de l’entendre chanter son bien-aimé d’une voix admirable. Il nous force pourtant à l’écouter ; et maintenant tes questions le font rougir. — Ce Lysis, lui dis-je, est tout jeune, ce me semble. Je le suppose au moins, n’ayant pas reconnu son nom. — En effet, on ne l’appelle encore que du nom de son père, qui est bien connu. Mais tu dois connaître au moins le visage de l’enfant, car il suffit pour cela de l’avoir vu une fois. — Dis-moi donc de qui c’est le fils. — C’est, dit-il, le fils aîné de Démocrate du bourg d’Exonée. — Les nobles amours, m’écriai-je, et tout à fait dignes d’un jeune homme, que tu as trouvées là, Hippothalès ! Mais tu devrais me répéter les propos que tu as tenus à ces jeunes gens, afin que je voie si tu connais le langage qu’il convient de tenir à celui qu’on aime, à lui tout seul, et devant les autres. — Socrate, me dit-il, est-ce que tu crois tout ce qu’il te raconte ? — Veux-tu dire que tu n’aimes pas celui dont il parle ? — Non, dit-il, mais je n’ai ni fait des vers, ni rien écrit pour mes amours. — Il n’a pas son bon sens, dit Ctésippe, il extravague, il est fou.

« — Hippothalès, lui dis-je, je n’ai aucune envie d’entendre ni tes chants, ni tes vers, si tu en as composé pour cet enfant ; mais j’en voudrais savoir le sens pour m’assurer de tes dispositions à l’égard de ton bien-aimé. — Ctésippe te le dira bien, répondit-il ; car il doit le savoir parfaitement, lui qui